Chères et chers ami·e·s
Le « Pont de l’Ascension ! »
En ce Jeudi de l’Ascension où j’écris cet édito, beaucoup d’entre vous sont partis en province pour profiter de ce « Pont de l’Ascension » (prolongé cette année par un jour de congé en plus, celui du 8 mai !) pour profiter d’une petite semaine de vacances ou de retrouvailles familiales.
En Allemagne, le Jeudi de l’Ascension est aussi un jour férié qui permet de « faire le pont » avec le week-end qui suit. C’est, d’ailleurs, aussi le jour de la « fête des pères » (J’en ai, d’ailleurs, profité pour appeler mon propre père ce matin).
Quant à sa signification religieuse ou spirituelle, c’est beaucoup moins évident ! Le « récit biblique de l’Ascension » attire beaucoup moins d’attention que celui de Noël ou de Pâques – y compris dans nos Églises et nos cultes : le récit de l’Ascension qu’ajoute-t-il par rapport à celui de Pâques ?
Regardons-le d’un peu plus prêt : il est raconté deux fois, à la fin de l’Évangile de Luc et en début du livre des Actes des Apôtres – et par le même auteur : l’Évangéliste Luc ! Luc est le seul des auteurs du Nouveau Testament à avoir rédigé deux œuvres : un évangile, son « premier livre », dans lequel il raconte les faits et enseignements de Jésus, puis un deuxième appelé « Actes des Apôtres ».
Les deux récits se ressemblent beaucoup – avec une différence remarquable tout de même qui consiste, en fait, en une incohérence historique frappante ! Dans sa première version (Luc 24,36-53), Luc situe l’élévation de Jésus au terme d’un long dimanche de Pâques. Dans la deuxième version (Actes 1,4-11), celle-ci a lieu « quarante jours » après Pâques ? Pourquoi raconter le récit de l’Ascension de Jésus deux fois – avec une telle incohérence historique ? C’est que Luc ne s’intéresse pas tant à l’exactitude chronologique de ces récits, mais plutôt à leur sens théologique et spirituel. Si, dans son évangile, il situe l’ascension le même jour que la résurrection, c’est que, pour lui, elle est son aboutissement : l’élévation de Jésus dans la gloire de Dieu parachève sa victoire sur la mort. Et si, dans le livre des Actes, l’Ascension a lieu quarante jours plus tard, c’est parce qu’elle correspond à l’acte de naissance de l’Église. Ainsi Luc aussi a voulu « faire le pont » : le pont entre l’histoire de Jésus qui trouve son point final dans le récit de la Résurrection et l’histoire de l’Église qui commence après la disparition de Jésus : son « élévation » au ciel !
Et j’ajouterais que si, en France, nous ne fêtons pas l’Ascension comme « fête des pères », nous pouvons, dans l’Église et au culte le fêter comme « fête du Père » qui a ressuscité Jésus, l’a élevé « au ciel » et a confié la tâche d’être témoins de la Résurrection. Si Jésus n’est plus présent parmi nous physiquement, il le devient à chaque fois que nous témoignons, en paroles et en actes, de sa victoire de la vie sur la mort et de l’Amour inconditionnel du Père pour tous les humains.
Bonne fête de l’Ascension !