Quand je pense à l’Église…
« Quand je pense à l’Église, je la voudrais telle qu’elle n’est pas : attirante, engageante, percutante, militante, sans doute aussi variée et universelle, secrète et évidente, riche et nourricière, pauvre et véridique, surprenante et solide. Bref, j’aimerais, mon Dieu, que ton Église, qui est notre Église, m’offre tout ce que je ne lui donne pas ». C’est ainsi que le pasteur André Dumas commence une de ses « Cent prières »[1]
L’Église, dans la tradition du protestantisme luthéro-réformé qui est celle de notre Église Protestante Unie de France, n’est pas une institution hiérarchique de « droit divin » avec des chefs et des sous-chefs. Nous confessons dans notre Église le Christ comme seul chef de l’Église – et ses membres, y compris les pasteurs, comme égaux entre eux. Vous découvrirez dans le dossier de ce numéro l’organisation concrète qui découle de cette confession au sein de notre Église.
L’Église est faite des membres qui y sont et s’y engagent. Elle est, donc, faillible et limitée, comme nous le sommes chacune et chacun, dans sa capacité d’aimer et d’accueillir le prochain. André Dumas continue sa prière avec un constat : « Tu la connais aussi bien et mieux que moi cette Église qui fume souvent à peine comme une bougie épuisée », pour arriver à une exhortation : « Alors, mon Dieu, fais que je cesse de blâmer l’Église, pour me dispenser moi-même d’y travailler. … Fais que je quitte le banc des spectateurs et des moqueurs pour m’asseoir au banc des acteurs et des célébrants. … Ton fils est la tête d’un corps aux membres disjoints. Il est le premier né d’une famille d’enfants séparés. Il est la pierre angulaire d’une maison inachevée. Mais c’est bien à l’Église que tu tiens et non pas seulement aux individus, qui se préfèrent chacun à eux-mêmes. Car c’est bien à l’humanité entière que tu tiens et non seulement aux membres d’un club ».
L’Église, conclut-il, « je veux bien l’appeler ma famille, car je lui suis attaché pour le pire et pour le meilleur. C’est ma nouvelle famille, dont tu es l’initiateur, ton fils le libérateur et ton esprit le rassembleur. Amen ».
Andreas Seyboldt.
[1] André Dumas, Cent prières possibles. Ed.Albin Michel 2000. André Dumas était pasteur de l’Église Réformée de France entre 1949 et 1980 (devenue Église Protestante Unie de France en 2012). Il était théologien, philosophe est militant pour les droits de l’homme. Il est décédé en 1996.