Ensemble N°57 Edito Ce qui (se) compte
«Ensemble», le journal de l’Église Protestante Unie d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes, Colombes
Compter autrement
Nous vivons dans une société avide de chiffres. Notes, statistiques, bilans comptables, graphiques de performance : tout semble pouvoir être réduit à des colonnes de résultats. Mais l’expérience quotidienne, dans une paroisse, un centre socio-culturel, une maison de jeunes ou une entraide, nous apprend une autre vérité : ce qui compte vraiment ne se chiffre pas.
Un sourire offert à l’accueil, une oreille attentive lors d’une permanence, un adolescent qui ose prendre la parole, un voisin qui se découvre une place en donnant de son temps : rien de tout cela n’entre dans un tableau Excel. Et pourtant, l’impact est réel, visible, décisif. Ce qui compte, ce n’est pas l’accumulation de données, mais un changement qui se vit, qui circule d’une personne à l’autre, transformant les cœurs et les regards, et laissant une trace durable.
Ce changement est parfois difficile à montrer. Beaucoup d’ONG l’ont compris : elles cherchent à rendre visible l’invisible en évaluant leur action non seulement en « indicateurs quantitatifs », mais aussi à travers des études d’impact. Celles-ci mesurent la transformation vécue par les personnes : un regain d’autonomie, une confiance retrouvée, une ouverture vers les autres. C’est une manière de rendre visible ce qui ne se compte pas mais qui change tout.
La Bible le rappelle avec force : Dieu n’est pas un comptable scrutant nos mérites. En Jésus, Dieu « sème sans compter », donnant son amour sans calcul. À notre tour, il nous invite à sortir de la logique du rendement pour entrer dans celle de la gratuité.
Alors, ce qui compte vraiment, ce n’est pas ce que l’on peut mesurer. C’est ce qui se voit autrement : dans les liens tissés, dans la confiance partagée, dans la joie qui circule. Ces choses-là ne se comptent pas… et pourtant elles comptent infiniment, comme un premier regard qui éclaire autrement.
Gwenaël Boulet, pasteure
1849 signes
Au besoin pour l’exergue : « Ce qui compte vraiment, ce n’est pas ce qui s’additionne : c’est ce qui transforme. »