ENSEMBLE N° 43 Edito Guerre juste ?

Une guerre peut-elle être juste ?

Oui, dirions-nous peut-être spontanément en pensant à la guerre en Ukraine – du point de vue des Ukrainien(ne)s, victimes de l’agression de l’armée russe depuis plus d’un an déjà : « une guerre défensive qui cherche à repousser un agresseur extérieur ne peut qu’être juste, non » ?

Dans le registre des guerres justes, on pourrait, de fait, ranger toutes les guerres défensives, telles que celle des alliés contre le régime hitlérien. Ou plus proche de nous, chronologiquement, la guerre contre Daech et contre le terrorisme. Cependant, à y regarder de plus près, toute guerre qui se dit « juste » au nom du droit de défense contre un agresseur ne l’est pas toujours, ne serait-ce que parce que chaque guerre défensive contient une partie plus ou moins importante de « dégâts collatéraux », à savoir des populations civiles qui, souvent, se trouvent prises au piège entre les fronts. C’était déjà le cas durant la seconde guerre mondiale, lorsque les avions des forces alliés avaient bombardé des villes comme Le Havre et La Rochelle pour y détruire les forces d’occupation du régime hitlérien, détruisant du même coup des quartiers entiers et faisant des victimes civiles.

Et même dans l’Allemagne nazie, des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants furent les victimes des bombardements alliés dans des villes comme Hambourg et Dresde. Sans même parler des « frappes chirurgicales » inventées par les militaires américains lors de la première guerre du Golfe pour faire croire que les seuls dégâts causés par leurs bombardements étaient d’ordre militaire. « C’est pourquoi l’on a tendance aujourd’hui, parmi les théologiens », écrit Frédéric Rognon*, « à considérer que la guerre n’est jamais juste : elle aura toujours un caractère arbitraire, dévastateur, inhumain et contraire à la volonté du Dieu de la Paix ».

 

Andreas Seyboldt.

*Guerre juste ? par Frédéric Rognon. Dépliant à disposition à l’entrée du Centre 72.

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