ENSEMBLE N° 46 Billet biblique L’art de la grâce

L’art, une rencontre qui fait changer le regard

« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ… » (cf. Mt 13, 31-50)

C’est ainsi que commence une des multiples paraboles que Jésus raconte pour parler du « Royaume des cieux » (ou du « Royaume de Dieu », selon la version de l’Évangile de Luc, chapitre 13, 18-21) qu’il est venu annoncer et incarner.
Annoncer le Royaume qui vient à nous, rêver d’un monde autre, c’est l’un des points forts de la prédication de Jésus : il est venu annoncer, préparer, anticiper le Royaume de Dieu. Et il a fait cela à l’aide d’images, certes non plastiques, mais narratives :
Et voilà l’imagination libérée. Plus largement, le cœur de l’expérience biblique réside dans cette capacité qu’a le texte – ou plus précisément le texte éclairé par l’Esprit-Saint – de transformer le passé en avenir, une histoire blessée en un monde émerveillé et réconcilié. C’est aussi le rôle de l’art. Est-ce un hasard si ce furent des philosophes juifs athées, fortement imprégnés de pensée biblique, qui ont souligné le rôle anticipateur et messianique de l’art ? Je pense, notamment, à Ernst Bloch, et sa réflexion sur « le principe espérance » (qui a fortement influencé le théologien allemand Jürgen Moltmann.
Lutter en vue de transformer une société injuste en une société plus juste. Ne pas se résigner à l’exploitation de l’homme par l’homme, au triomphe du mal. Telle est l’une des conséquences de la foi, ce que le réformateur Jean Calvin a appelé la sanctification : justifiés par la grâce inconditionnelle de Dieu, nous sommes libérés pour agir dans l’Église et dans le monde, afin que cette grâce rayonne en tout et en tous. Cet effet d’entraînement de la foi qui pousse à l’action est aussi caractéristique de l’œuvre d’art qui agit sur le spectateur au moment de la rencontre avec elle, et qui le fait, ensuite agir à son tour – après la rencontre, en lui permettant de changer de regard sur lui-même, sur le monde et sur les autres. Le mot biblique de cette action s’appelle « conversion ».

Andreas Seyboldt

Illustration : Andry Rakotoarson

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