Ensemble N° 52 Edito Nos migrants

L’ACCUEIL D’ABORD !

Lors de son Synode national fin mai 2014, l’Église Protestante Unie de France avait interpellé le gouvernement pour « mettre en place une politique généreuse et réaliste d’accueil et d’hospitalité, étayée sur l’expertise des Associations ». L’Europe était en pleine « crise migratoire » et les décisions et actions des pouvoirs publics n’étaient pas toujours assez réfléchies et coordonnées : le vœu du Synode était une réaction au démantèlement de deux camps d’exilés à Calais « au mépris de la circulaire du 26 août 2012, c’est-à-dire sans diagnostic préalable, sans concertation avec les Associations, sans solution humaine ».
Au lendemain du Synode, le conseil national appelle les paroisses à organiser une manifestation le jour du 14 juillet avec le mot d’ordre « Liberté, Égalité, Fraternité – Exilés : l’accueil d’abord ! » imprimé sur des affiches et bannières placées dans les temples et lieux de culte, des méditations bibliques et théologiques sur le thème « l’accueil est notre vocation », ainsi que des lettres-type à personnaliser et à envoyer aux élus politiques.
L’Église catholique, par la voix, notamment, du Pape François, a eu des paroles et des actions fortes en faveur de l’accueil des migrants et des étrangers : « Nous habitons chacun dans nos pays (…), mais comme si nous étions des étrangers. Nous vivons sur la terre, mais nous sommes citoyens du ciel (…) Aide-nous à ne jamais cesser de marcher, avec nos frères et sœurs migrants vers la demeure éternelle que tu nous as préparée ».
L’Église est, depuis son origine, un lieu naturellement favorable à l’accueil de l’étranger et du migrant – comme nous le rappelle le récit de la Pentecôte (Actes 2), ainsi que de nombreux récits bibliques, depuis la migration d’Abraham, le « père des croyants », parti de son pays à la recherche d’une terre promise (Genèse 12), jusqu’à Jésus qui disait, dans un de ses derniers messages à ses disciples : « j’étais un étranger et vous m’avez recueilli » (Matthieu 25,35). Si l’accueil du migrant et de l’étranger est en quelque sorte dans l’ADN de l’Église, son intégration demande un effort réciproque : apprendre la langue de l’autre, accepter qu’en tant qu’accueillant je peux aussi recevoir de celui accueilli, me laisser déplacer dans mes coutumes et habitudes – au bénéfice d’un enrichissement mutuel. Le dossier de ce numéro d’Ensemble propose des textes de réflexion sur l’immigration et l’intégration. Bonne lecture !

Andreas Seyboldt