ENSEMBLE N°49 Billet biblique Plaisir du repas partagé

«Ensemble», le journal de l’Église Protestante Unie d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes, Colombes

À la table avec Jésus

 

Se mettre à table, à l’époque de Jésus, n’a rien de simple. On ne mange pas ce que l’on veut ni avec qui en veut !

Le monde juif a abondamment légiféré sur les animaux purs et impurs (Lévitique 11), sur les maladies ou la bonne hygiène, qui imposent des règles de pureté rituelle (Lévitique 12-15) et déterminent les conditions du compagnonnage de table.

L’impureté était une notion essentielle en ces temps-là. Malades et personnes au métier peu recommandable, comme la collecte des impôts ou la prostitution, étaient considérés comme des personnes impures, donc infréquentables à table.

C’est précisément sur ce terrain très sensible que Jésus a bouleversé les codes en vigueur. Alors qu’il demande à ses disciples de renoncer à tout pour le suivre, il n’accorde aucun intérêt aux règles de table en vigueur. Ainsi, tandis que les pharisiens et les membres de la communauté de Qumrân ne mangeaient qu’entre eux, Jésus déjeune avec n’importe qui.

Le pharisien Simon, qui l’avait invité à un repas, en est scandalisé. Alors qu’une femme pécheresse s’était introduite dans la salle du banquet et s’était mise à parfumer les pieds de Jésus, Simon maugréait : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse ! » On le voit, l’attitude de Jésus choque et le discrédite.

Pourtant, ce n’est pas la transgression que Jésus cherche, mais le moyen concret de réintégrer des personnes exclues. Car la lutte contre l’exclusion est la première mission qu’il se donne. Il n’admet pas que la Loi serve à exclure alors qu’elle a été donnée par Dieu pour cimenter la vie commune du peuple. Jésus se rend donc chez des gens mal considérés, des publicains, des pécheurs, ou bien il les invite à sa table (Marc 2, 15).

En somme, Jésus aura voulu que ses repas anticipent ce banquet auquel la terre entière est conviée, sans ségrégation aucune. Manière heureuse de montrer que le Royaume grandit dans cette subtile alliance entre le plaisir des sens, la satisfaction des corps, la bonté du geste et la confiance en Dieu, donc en l’autre, avec qui on partage le repas, en frères.

 

Andreas Seyboldt

Contact