
Transmission dans la Bible
« Écoute Israël ! […] Les paroles des commandements que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur ; tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras couché et quand tu seras debout ; tu en feras un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux ; tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l’entrée de ta ville. Et demain quand ton fils te demandera : « Pourquoi ces édits, ces lois et ces coutumes que le Seigneur notre Dieu vous a prescrites ? » alors, tu diras à ton fils : « Nous étions esclaves de Pharaon en Égypte, mais d’une main forte le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte » (Deutéronome 6, 4.6-9.20-21)
La transmission a une importance centrale dans la Bible. Mais que faut-il transmettre ? La foi ? Une doctrine ? Un savoir ? Dans le passage cité il est question des « lois et coutumes ». Elles sont liées à une expérience vécue, l’expérience d’une libération. La foi biblique n’est pas du domaine d’une croyance ou d’un savoir. Elle naît au cœur d’une expérience vécue : l’expérience d’une libération. Mais peut-on transmettre une expérience vécue ? Tout parent et tout enfant devenu adulte sait que l’on ne peut pas transmettre une expérience. Que chaque enfant pour devenir adulte a besoin de vivre ses propres expériences. La libération de l’esclavage dans le Premier Testament n’est pas seulement le souvenir d’une expérience vécue par les anciens. Elle doit être vécue par chaque nouvelle génération : « Moïse dit au peuple : « Souvenez-vous du jour d’aujourd’hui, où vous êtes sortis d’Égypte, de ce pays où vous étiez esclaves. C’est grâce à sa puissance que le Seigneur vous a fait sortir de là. Vous ne mangerez donc pas de pain fait avec du levain. C’est aujourd’hui que vous êtes partis, pendant le mois des Épis » (Exode 13, 3-4).
Dans le Nouveau Testament, on peut penser à la fin de l’Évangile selon Matthieu : « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Ce que Jésus appelle à transmettre (= leur apprenant), c’est la Bonne Nouvelle qui surgit de la rencontre avec Dieu. Cet Évangile, ce salut par grâce, n’est pas un point de doctrine à apprendre mais l’expérience d’une rencontre libératrice qui oriente toute l’existence. Ce n’est donc pas un dépôt à garder, une doctrine à sauvegarder, un objet à transmettre, une croyance à répandre, une morale à imposer, il est une Parole au travers de laquelle se communique le Christ. « Prêcher l’Évangile n’est rien d’autre que le Christ qui vient à nous, ou nous qui sommes amenés au Christ » disait Martin Luther.
Andreas Seyboldt