L’Amour gratuit et sans conditions pour tout être humain

Texte de la prédication du 6 avril 2025 par le pasteur Andreas Seyboldt

Lectures bibliques :

 

Jean 8, 1 – 11 : « Jésus et la femme adultère »

1 Jésus se rendit au mont des Oliviers.

2 Mais dès le matin, il retourna au temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis, il les instruisait.

3 Alors les scribes et les pharisiens amènent une femme surprise en adultère, la placent au milieu 4 et lui disent :

Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. 5 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi, donc, que dis-tu ?

6 Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser.

Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre.

7 Comme ils continuaient à l’interroger, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !

8 De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre.

9 Quand ils entendirent cela, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés. Et il resta seul avec la femme qui était là, au milieu.

10 Alors Jésus se redressa et lui dit :

Eh bien, femme, où sont-ils passés ? Personne ne t’a donc condamnée ?

11 Elle répondit : Personne, Seigneur.

Jésus dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus.

 

Prédication :

 

Lorsque vous tapez le mot « adultère » dans la case de recherche de Google, vous trouvez, après l’article Wikipédia, des adresses de sites qui invitent à pratiquer l’adultère : par exemple « Adultère.fr » qui se présente comme « un site de rencontres extra-conjugales entre adultes consentants ».  Dans nos sociétés modernes, l’adultère est devenu un « business » comme un autre ! Parler d’un « délit d’adultère » n’a plus de sens aujourd’hui – à l’exception toutefois de procédures de divorces :

« En effet », nous renseigne un site de Consultation Juridique[1], « si l’un des époux parvient à prouver que son conjoint a commis un adultère, cela peut être retenu comme une faute dans le cadre du divorce pour faute ».  En France, en effet, l’adultère n’a été dépénalisé qu’en 1975.

À la mi-décembre 2015, la Cour de cassation a estimé que l’adultère n’est plus contraire à la morale : « l’évolution des mœurs comme celle des conceptions morales ne permettent plus de considérer que l’imputation d’une infidélité conjugale serait à elle seule de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération ». …

Aux États-Unis, l’adultère est considéré comme une faute pénale dans 17 États et par le code militaire. Le Michigan, l’Oklahoma et le Wisconsin ont les lois fédérées les plus dures en la matière étant donné que l’adultère y est considéré comme une infraction majeure, passible de plusieurs années d’emprisonnement et centaines de dollars d’amende.

 

Qu’en est-il de l’époque et de la société de l’antiquité juive dans laquelle vivaient Jésus et les premiers chrétiens – à qui s’adresse notre récit et les Écrits du Nouveau Testament en premier ?

Que dit exactement la Thora, évoquée par les Pharisiens sous le nom de « La Loi, Moïse », à ce sujet ?

Dans le Décalogue, l’interdit de l’adultère est le sixième commandement, juste après l’interdit du meurtre et juste avant l’interdit du vol, du faux témoignage et de la convoitise.

Quant à la sanction prévue en cas d’adultère, deux passages dans la Thora sont à retenir :

« Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère », (Lévitiques 20/10).

Et : « Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, ils mourront tous les deux, l’homme qui a couché avec la femme, et la femme elle-même. Tu ôteras le mal d’Israël », (Deutéronome 22/22-24).

Étonnement, dans notre récit, il n’y a que la femme qui est présentée comme « adultère ».

Où est l’homme qui a commis l’adultère avec elle ? …

À regarder le contexte des textes de la Thora, il y apparaît que l’interdit de l’adultère ne concerne pas tellement la « paix » dans le couple, mais dans le clan, dans la famille !

Il s’agit d’une action qui peut nuire à autrui, aux autres : « tu ne commettras pas l’adultère » signifie non pas « tu ne tromperas pas ton conjoint », mais « tu ne t’uniras pas au conjoint d’autrui », tu n’useras pas de la femme qui appartient à un autre homme du clan, tu ne causeras pas de tort aux autres hommes de ton clan, du groupe, en utilisant un de leurs biens.

Ce n’est pas envers sa femme que l’on est adultère, c’est envers un autre homme du clan ! …

 

La situation que présente notre récit correspond donc bien aux mœurs et mentalités de l’époque : seule la femme adultère est mise en cause – et menacée d’être punie sévèrement par la peine de mort.

En réalité, toutefois, celle-ci n’est plus réellement exécutée : elle est réservée exclusivement aux instances d’occupation romaine.

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les accusateurs de Jésus lors de son procès devant le Sanhédrin, le Haut Tribunal Juif, doivent faire appel au gouverneur des Romains, Ponce Pilate, pour faire exécuter Jésus… Et c’est là, en fait, l’enjeu que le récit met en scène : la véritable menace ne pèse pas tellement sur la femme. Elle concerne plutôt Jésus – comme l’indique clairement ce verset : « Ils parlaient ainsi dans l’intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser » (v6).

Mais Jésus ne tombe pas dans le piège. Il ne se laisse pas entraîner sur le terrain vague et partisan de considérations légalistes et morales. Jésus refuse de choisir entre « intransigeance » et « laxisme ».

Sa réponse, devenue célèbre bien au-delà du culte chrétien, est, pour ses interlocuteurs, inattendue, déconcertante : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » (v.7).

Cette réponse s’appuie sur une prescription de la Thora (Deutéronome 13, 10-11) qui ordonne en cas de lapidation que c’est le témoin du crime qui a le droit de jeter la première pierre.

Or, Jésus réinterprète cette règle : seul possède ce droit celui qui est sans péché.

Celui qui exige une application rigoureuse de la Loi, des règles, doit également se l’appliquer à lui-même.

La suite du récit est tout aussi surprenante et inattendue. Elle est ce que l’on peut appeler une « fin heureuse » de l’histoire : « … ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul » (v9). Plus on a d’année de vie derrière soi, plus on a des choses à se faire pardonner – semble vouloir indiquer ce verset !

Une question qui a beaucoup interrogé les exégètes et commentaires du récit :

Qu’est-ce donc que Jésus a désigné dans le sable ? Selon les Pères de l’Église, en particulier Ambroise, Jérôme et Augustin, Jésus aurait écrit un verset biblique, extrait du prophète Jérémie :

« SEIGNEUR, espérance d’Israël, tous ceux qui t’abandonnent auront honte. Ceux qui s’écartent de moi seront inscrits dans la terre, car ils abandonnent la source d’eau vive, le SEIGNEUR ! », (Jérémie 17/13, selon la NBS) Il s’agirait ici d’un acte symbolique selon lequel tous les humains – tous pécheurs – devraient être inscrits ainsi « dans la terre »…

Quant à Jésus, il ne les juge ni les condamne – tout comme il ne le fait pas non plus envers la femme. « Va, et désormais ne pêche plus »., lui dit-il.

Jésus pratique le « non-jugement » : il refuse de juger, de prendre parti pour telle ou telle personne, tel ou tel groupe !

Il laisse ainsi la place au véritable repentir, au véritable changement d’attitude et de comportement, à la véritable conversion, celle qui vient du cœur ! La manière de Jésus « d’accomplir la Loi » (cf. Matthieu 5/17-19), est, tout d’abord, de ne pas la réduire à une morale.

« Va, et désormais ne pêche plus »., dit Jésus à la femme. …

Le péché, dans sa compréhension biblique, n’est pas une faute morale – quelle qu’elle soit ! – mais un « ratage de cible » – telle la flèche de l’archer qui tombe à côté de la cible.

Être dans le péché, c’est de s’être trompé de chemin, plus précisément : être, non pas sur un chemin qui mène à la vie, mais sur un « chemin de mort ».

Ainsi est-il précisé dans la « Thora », dans les « Cinq livres de Moïse », livre de référence du peuple juif et, donc, de Jésus et de ses interlocuteurs, comme pour le Judaïsme d’aujourd’hui, le sens ultime de la LOI, son but, sa finalité :

« J’en prends à témoin aujourd’hui contre vous le ciel et la terre : c’est la vie et la mort que j’ai mise devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le SEIGNEUR ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui », Deutéronome 30/19-20.

 

Jésus ne veut pas la mort du pécheur – ni celle de la femme adultère, ni celle de ses accusateurs, car, comme il l’a dit a Nicodème qui voulait savoir si Dieu est réellement avec lui :

 « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout humain qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jean 3,16)

Dieu, le Dieu de la Bible, veut la vie de l’humain, homme ET femme !

C’est ainsi que Jésus est venu, non pas pour abolir, mais pour accomplir la LOI, la VOLONTÉ de Dieu, pour l’humain, homme ET femme.

C’est pour cela que « Jésus n’a pas attendu que cette femme soit juste ou parfaite pour l’aimer. À ce compte, Jésus n’aurait aimé personne s’il avait attendu que les hommes soient justes et sans péché » (Arnaud CORBIC, franciscain et professeur de philosophie à Rome).

C’est « parce qu’il aime cette femme, parce qu’il sait qu’elle vaut mieux que ce qu’elle a fait, il l’appelle à renoncer à ce chemin de mort.

En d’autres termes, Jésus ne lui dit pas : ‘Je t’aime si tu ne commets plus d’adultère’ ; mais : ‘Parce que je t’aime, ne commets plus d’adultère’. C’est ainsi que, se sachant aimée, cette femme pourra changer de vie » (Arnaud CORBIC).

« Nous mettons souvent des limites et des conditions à l’amour :

‘Je t’aime si tu fais ce que je te dis’. … Souvent nous attendons que l’autre change pour l’aimer, alors que l’autre attend que nous l’aimions pour changer ». (Arnaud CORBIC)

L’Évangile, la Bonne Nouvelle que Jésus est venu annoncer – et qu’il est venu incarner en sa personne et par sa vie, c’est l’Amour gratuit et sans conditions pour tout être humain qui né sur cette terre.

 

Amen !

[1]     https://consultation-juridique.fr/porter-plainte-pour-adultere-ou-infidelite-droits-et-demarches/

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