Vendredi saint: textes, méditations et prières

Textes, méditations et prières du culte du vendredi saint 18 avril 2025 présidé par la pasteure Gwenaël Boulet

Jean 18, 1-12

1(Ayant ainsi parlé), Jésus s’en alla, avec ses disciples, au-delà du torrent du Cédron ; il y avait là un jardin où il entra avec ses disciples. 2Or Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, car Jésus s’y était maintes fois réuni avec ses disciples. 3Il prit la tête de la cohorte et des gardes fournis par les grands prêtres et les Pharisiens, il gagna le jardin avec torches, lampes et armes.
4Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? »
5Ils lui répondirent : « Jésus le Nazôréen. »
Il leur dit : « C’est moi. »

Or, parmi eux, se tenait Judas qui le livrait. 6Dès que Jésus leur eut dit “c’est moi”, ils eurent un mouvement de recul et tombèrent.
7A nouveau, Jésus leur demanda : « Qui cherchez-vous ? »
Ils répondirent : « Jésus le Nazôréen. »
8Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. »

9C’est ainsi que devait s’accomplir la parole que Jésus avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. » 10Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, dégaina et frappa le serviteur du grand prêtre, auquel il trancha l’oreille droite ; le nom de ce serviteur était Malchus.

11Mais Jésus dit à Pierre : « Remets ton glaive au fourreau ! La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? »
12La cohorte avec son commandant et les gardes des autorités juives saisirent donc Jésus, et ils le ligotèrent.

 

Méditation

Curieuse scène que celle qui se joue devant nous. Nous sommes dans un jardin. Il est familier, mais il fait noir, c’est la nuit. On n’y voit rien. On doit aller doucement, être sur ses gardes.

La nature est au repos, le lieu qui de jour doit être si vivant des chants d’oiseaux et des senteurs des fleurs est endormi.

L’agitation va venir des humains.

Des bruits de pas, des cliquetis d’armes, et des lumières qui s’approchent. Dans ce lieu calme, il est évident qu’une tragédie est en cours.

Et voilà qu’enfin une parole arrive. C’est une question, une adresse à ce groupe qui vient troubler la tranquillité.
Jésus parle. Il est en danger et pourtant il s’avance vers la cohorte. Au lieu de pester contre l’intrusion, de s’enflammer en voyant les armes, de quereller Judas, il trouve la force et la sagesse d’entrer en dialogue : « Qui cherchez-vous ? » ou plus justement « Que cherchez-vous ? »

Jésus revient à l’essentiel, à son fondamental. Il revient à cette toute première phrase qu’il prononça juste après son baptême, quand deux hommes qui allaient devenir ses deux premiers disciples le suivirent. « Que cherchez-vous ? »

Cette question résonne dans la nuit et nous interpelle. Que cherchons-nous quand nous allons vers Jésus ?

La cohorte et les gardes répondront par deux fois « Jésus le Nazôréen ». Ils veulent un homme, ils cherchent seulement un homme… Ils n’ont rien compris, ils se sont laissés piéger par la facilité. Avoir un homme sous la main, l’immobiliser, le conduire vers la mort, pour que le grand changement s’arrête, pour que les foules cessent d’espérer et qu’elles ne renversent pas le régime des prêtres et la science des Pharisiens.

« Que cherchez-vous ? » A cette même question quelques mois auparavant deux hommes avaient répondu : « Maître où demeures-tu ? »

Ils ne cherchaient pas seulement un homme, ni même un maître. Le Messie, ils l’avaient trouvé. Mais ils cherchaient une maison, un accueil et la fraternité qui va avec. Ils cherchaient un royaume, une espérance, un lendemain… pas seulement un homme, mais Dieu.

Cette nuit, l’homme est arrêté, le prophète est ligoté et le messie est torturé. Pour ceux qui cherchaient un homme, tant pour l’inculper comme la cohorte, que pour le forcer à l’action puissante, peut-être comme Judas, tout va s’arrêter. Car sur la Croix, Jésus va mourir.
Mais pour ceux qui cherchent la demeure de Dieu, qui espèrent en son royaume et qui vont suivre Jésus, même en doutant, même en reniant, mais sans trahir, pour ceux-là l’histoire n’est pas finie.

La demeure de Dieu, la fraternité offerte, le royaume, ce n’est pas seulement Jésus. Mais c’est l’endroit où il se trouve qui est demeure de Dieu, quand bien même cet endroit est un sanhédrin calomniateur, un chemin douloureux, une croix meurtrière… le royaume de Dieu est là où Jésus se tient, hier avec les disciples, ce soir dans le jardin, et demain ? …

Alors ce soir, « Que cherchons-nous ? » Simplement un homme ou un messie qui porte avec lui le royaume de fraternité et d’espérance ? D’un côté la mort seule, comme fin de tout, de l’autre une porte qui s’ouvre à la vie…

Quel choix sera le nôtre ?

Musique Bleibet hier und wachet mit mir

 

 

Jean 18, 13-27

13Ils le conduisirent tout d’abord chez Hanne. Celui-ci était le beau-père de Caïphe, qui était le Grand Prêtre cette année-là ; 14c’est ce même Caïphe qui avait suggéré aux autorités juives : il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.

15Simon-Pierre et un autre disciple avaient suivi Jésus. Comme ce disciple était connu du Grand Prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du Grand Prêtre. 16Pierre se tenait à l’extérieur, près de la porte ; l’autre disciple, celui qui était connu du Grand Prêtre, sortit, s’adressa à la femme qui gardait la porte et fit entrer Pierre.
17La servante qui gardait la porte lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme ? » Pierre répondit : « Je n’en suis pas ! »
18Les serviteurs et les gardes avaient fait un feu de braise car il faisait froid et ils se chauffaient ; Pierre se tenait avec eux et se chauffait aussi.

19Le Grand Prêtre se mit à interroger Jésus sur ses disciples et sur son enseignement.
20Jésus lui répondit : « J’ai parlé ouvertement au monde, j’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le temple, là où tous les Juifs se rassemblent, et je n’ai rien dit en secret. 21Pourquoi est-ce moi que tu interroges ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui m’ont écouté : ils savent bien ce que j’ai dit. »
22A ces mots, un des gardes qui se trouvait là gifla Jésus en disant : « C’est ainsi que tu réponds au Grand Prêtre ? »
23Jésus lui répondit : « Si j’ai mal parlé, montre en quoi ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »
24Là-dessus, Hanne envoya Jésus ligoté à Caïphe, le Grand Prêtre.

25Cependant Simon-Pierre était là qui se chauffait. On lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? »
Pierre nia en disant : « Je n’en suis pas ! »
26Un des serviteurs du Grand Prêtre, parent de celui auquel Pierre avait tranché l’oreille, lui dit : « Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ? »
27A nouveau Pierre le nia, et au même moment un coq chanta.

 

 

Prière

Éternel, quand on est prisonnier de la peur dans sa vie, on a l’impression de n’être rien.
Quand on n’est rien, on a envie de te parler,

Mais quand on est rien, on ne pense à rien,
Alors on ne dit rien.

Pardonne-nous, Éternel, si ce soir nous n’avons rien… pas une parole juste… pas un mot de soutien… rien, que de la peur… de la lâcheté… comme Pierre.

Pardonne-nous, si c’est le vide, le désert au fond de nous… parce qu’on ne comprend plus rien… qu’on n’a plus rien à quoi se rattacher…
Il pèse lourd notre rien… notre silence… dans la vie, dans ta vie, pour ta vie…
Et paradoxalement, c’est si dur de porter ce rien tout seul.

Un rien, un silence qui nous fait mal, qui nous brûle les yeux, qui nous donne des sueurs froides, qui nous colle le mal de ventre, qui nous scie les jambes, qui ne nous rend pas du tout courageux…

Notre rien, il nous assomme. Il nous empêche de faire un pas vers toi.

Et c’est toi, qui va le porter… qui va nous en décharger… nous en libérer…

Oui, nous avons peur… et pourtant ce n’est pas nous qui sommes jugés…

Ce n’est pas nous qui sommes ballotés de lieux en lieux…

Ce n’est pas nous qui sommes abandonnés…

(Pause)

Dieu nous le dit simplement, quoiqu’il arrive, même si rien n’arrive, son amour pour nous ne changera pas.

Il est le Dieu qui prend le rien de notre vie et le porte pour nous.

Il nous pardonne.
Amen

Chant 44-14 Oh ! Prends mon âme 1 et 2

 

 

Jean 18, 28 à 19, 16a

28Cependant on avait emmené Jésus de chez Caïphe à la résidence du gouverneur. C’était le point du jour. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans la résidence pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque.
29Pilate vint donc les trouver à l’extérieur et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »
30Ils répondirent : « Si cet individu n’avait pas fait le mal, te l’aurions-nous livré ? »
31Pilate leur dit alors : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi. »
Les autorités juives lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort ! »
32C’est ainsi que devait s’accomplir la parole par laquelle Jésus avait signifié de quelle mort il devait mourir.

33Pilate rentra donc dans la résidence. Il appela Jésus et lui dit : « Est-ce toi le roi des Juifs ? »
34Jésus lui répondit : « Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? »
35Pilate lui répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta propre nation, les grands prêtres t’ont livré à moi ! Qu’as-tu fait ? »
36Jésus répondit : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, les miens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux mains des autorités juives. Mais ma royauté, maintenant, n’est pas d’ici. »
37Pilate lui dit alors : « Tu es donc roi ? »
Jésus lui répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
38Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Sur ce mot, il alla de nouveau trouver les autorités juives au dehors et leur dit : « Pour ma part, je ne trouve contre lui aucun chef d’accusation. 39Mais comme il est d’usage chez vous que je vous relâche quelqu’un au moment de la Pâque, voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? »
40Alors ils se mirent à crier : « Pas celui-là, mais Barabbas ! »
Or ce Barabbas était un brigand.

1Alors Pilate emmena Jésus et le fit fouetter. 2Les soldats, qui avaient tressé une couronne avec des épines, la lui mirent sur la tête et ils jetèrent sur lui un manteau de pourpre. 3Ils s’approchaient de lui et disaient : « Salut, le roi des Juifs ! » et ils se mirent à lui donner des coups.
4Pilate retourna à l’extérieur et dit aux autorités juives : « Voyez, je vais vous l’amener dehors : vous devez savoir que je ne trouve aucun chef d’accusation contre lui. »
5Jésus vint alors à l’extérieur ; il portait la couronne d’épines et le manteau de pourpre.
Pilate leur dit : « Voici l’homme ! »
6Mais dès que les grands prêtres et leurs gens le virent, ils se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le ; quant à moi, je ne trouve pas de chef d’accusation contre lui. »

7Les autorités juives lui répliquèrent : « Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu ! »
8Lorsque Pilate entendit ce propos, il fut de plus en plus effrayé. 9Il regagna la résidence et dit à Jésus : « D’où es-tu, toi ? »
Mais Jésus ne lui fit aucune réponse.
10Pilate lui dit alors : « C’est à moi que tu refuses de parler ! Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher comme j’ai le pouvoir de te faire crucifier ? »
11Mais Jésus lui répondit : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut ; et c’est bien pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un plus grand péché. »
12Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher, mais les autorités juives se mirent à crier et disaient : « Si tu le relâchais, tu ne te conduirais pas comme l’ami de César ! Car quiconque se fait roi, se déclare contre César. »

13Dès qu’il entendit ces paroles, Pilate fit sortir Jésus et le fit asseoir sur l’estrade, à la place qu’on appelle Lithostrôtos – en hébreu Gabbatha. 14C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure.
Pilate dit à ces Juifs : « Voici votre roi ! »
15Mais ils se mirent à crier : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! »
Pilate reprit : « Me faut-il crucifier votre roi ? »
Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César. »
16C’est alors qu’il le leur livra pour être crucifié.

 

 

Méditation

Ca gronde dehors ! Ca crie ! Ca menace et ça ordonne !

Devant la résidence de Pilate, sous les fenêtres du pouvoir politique, il y a du mouvement, des huées et des réclamations !

Trompeuse image que celle d’une masse agglutinée qui réclame la mort d’un homme et arrive à ses fins.

La rue, elle, ne gronde pas. Il n’y a pas de foule, il n’y a pas les passants qui joignent leurs voix à la condamnation. La rue est muette, vide et silencieuse… elle a laissée la place aux autorités qui font un scandale… Elle a capitulé avec Pierre ; prise de lassitude et sans doute déjà saisie de tristesse, sa voix s’est étouffée, a renoncé.

Irresponsable résignation qui fait chavirer l’espérance !

 

Dans l’horreur du vide laissé, le petit nombre de ceux qui ont beaucoup à perdre se réveille et occupe le terrain : effectif dérisoire, mais puissance de nuisance, faiseur de roi et tombeur de prince !

Et voilà, que le petit nombre a remonté la rue et comme une meute de loups hurle désormais et envahit l’espace.

On n’entend que lui, le hurlement de l’autorité qui se fait autoritaire : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Honteuse audace qui appelle au meurtre de l’espérance !

 

Et la digue du pouvoir cède ! Trop de remous, trop de risques, trop de bruits… On ne gouverne pas dans la fureur. La calme sécurité, même acquise au prix d’une vie, est de meilleure presse… et de bonne augure pour se maintenir en place.

Lâche et hypocrite Pilate, qui parle avec un homme, ignore le silence et n’écoute que la meute.

Scandaleuse attitude, qui fouette, qui humilie et qui livre à la mort l’espérance !

 

Et l’homme ballotté, assis, levé, torturé… L’homme que l’on se rejette, comme on se débarrasse de ce qui nous brûle les doigts. L’homme qui ne résigne pas, qui ne crie pas, qui ne fuit pas. L’homme qui seul garde empreinte des derniers lambeaux d’espérance, comme un fils fidèlement porte avec lui l’héritage d’un Père amoureux de sa Création devenue destructrice et avide.

L’homme, cet homme, dont les uns refusent l’origine et dont l’autre feint de l’ignorer, ce Jésus, prend ampleur et dimension. Et si on ne l’entend pas, on le voit !

 

Il est au centre de l’histoire, au centre de notre histoire. Il est le basculement de Dieu, ce renversement espéré ou craint. Il est cet événement qui va tout changer. Il est celui que les résignés d’un jour attendaient, que les puissants de toujours redoutaient, ce Dieu qui encore joue la partie de l’humanité alors même qu’elle l’accable et prend la main.

Encore… malgré tout… Dieu est là, mais le monde tait son nom et se prépare à le sortir du jeu…

 

Par résignation, par avidité et par soif du pouvoir, notre espérance se meurt !

 

Personne n’est allé à l’encontre des grondements et des menaces du temps… le petit nombre a gagné… il a emporté la partie… les cartes ne seront pas redistribuées aujourd’hui.

 

Tant pis… pourtant la voix de l’espérance était si belle !

Musique Dans nos obscurités

 

Jean 19, 16b-30

Ils se saisirent donc de Jésus. 17Portant lui-même sa croix, Jésus sortit et gagna le lieu dit du Crâne, qu’en hébreu on nomme Golgotha. 18C’est là qu’ils le crucifièrent ainsi que deux autres, un de chaque côté et, au milieu, Jésus. 19Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix : il portait cette inscription : « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs. » 20Cet écriteau, beaucoup de Juifs le lurent, car l’endroit où Jésus avait été crucifié était proche de la ville, et le texte était écrit en hébreu, en latin et en grec.
21Les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas “le roi des Juifs”, mais bien “cet individu a prétendu qu’il était le roi des Juifs”. »
22Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »

23Lorsque les soldats eurent achevé de crucifier Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique : elle était sans couture, tissée d’une seule pièce depuis le haut. 24Les soldats se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, tirons plutôt au sort à qui elle ira », en sorte que soit accomplie l’Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements, et ma tunique, ils l’ont tirée au sort. Voilà donc ce que firent les soldats.

25Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala.
26Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
27Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. »
Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

28Après quoi, sachant que dès lors tout était achevé, pour que l’Écriture soit accomplie jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif » ;
29il y avait là une cruche remplie de vinaigre, on fixa une éponge imbibée de ce vinaigre au bout d’une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche.
30Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé » et, inclinant la tête, il remit l’esprit.

Silence

Cantique 33-21  O Jésus ta croix domine 1, 3, 5

 

 

Jean 19, 31-42

31Cependant, comme c’était le jour de la Préparation, les autorités juives, de crainte que les corps ne restent en croix durant le sabbat – ce sabbat était un jour particulièrement solennel –, demandèrent à Pilate de leur faire briser les jambes et de les faire enlever. 32Les soldats vinrent donc, ils brisèrent les jambes du premier, puis du second de ceux qui avaient été crucifiés avec lui. 33Arrivés à Jésus, ils constatèrent qu’il était déjà mort et ils ne lui brisèrent pas les jambes. 34Mais un des soldats, d’un coup de lance, le frappa au côté, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. 35Celui qui a vu a rendu témoignage, et son témoignage est conforme à la vérité, et d’ailleurs celui-là sait qu’il dit ce qui est vrai afin que vous aussi vous croyiez. 36En effet, tout cela est arrivé pour que s’accomplisse l’Écriture : Pas un de ses os ne sera brisé ; 37il y a aussi un autre passage de l’Écriture qui dit : Ils verront celui qu’ils ont transpercé.

38Après ces événements, Joseph d’Arimathée, qui était un disciple de Jésus mais s’en cachait par crainte des autorités juives, demanda à Pilate l’autorisation d’enlever le corps de Jésus. Pilate acquiesça, et Joseph vint enlever le corps. 39Nicodème vint aussi, lui qui naguère était allé trouver Jésus au cours de la nuit. Il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. 40Ils prirent donc le corps de Jésus et l’entourèrent de bandelettes, avec des aromates, suivant la manière juive d’ensevelir. 41A l’endroit où Jésus avait été crucifié il y avait un jardin, et dans ce jardin un tombeau tout neuf où jamais personne n’avait été déposé. 42En raison de la fête juive de la Préparation, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

 

 

Méditation

Le calme est revenu. Plus d’autorités furieuses, plus de femmes près de la croix…

C’est la nuit. Pour les proches de Jésus, la nuit de l’accablement. Pourtant c’est une nuit claire, une nuit de Pessah, une nuit de pleine lune.

A la lueur pâle deux hommes avancent.

Joseph, l’homme d’Arimathée, de la hauteur, a eu le courage d’aller trouver Pilate. Face à la lâcheté du dirigeant, le courage d’un disciple inconnu. Jusqu’à cette nuit, il dissimulait sa foi par peur des autorités juives. Mais la mort de Jésus change tout. Elle réveille en lui l’humanité !  Il a un tombeau vide… il offre une dernière demeure au maître.

Et Nicodème, l’homme de la nuit, aux mille questions… L’homme du vent de Dieu, ce vent qui passe parfois comme une brise légère et emmène « on ne sait où ». Il est là, lui aussi !

A deux, discrètement, ils vont porter le poids du corps. Ils vont en prendre soin. Selon la tradition, des aromates, des bandelettes… un dernier geste d’humanité. Dans la nuit, la tendresse se vit avec pudeur. Jésus est l’un des leurs, un fils d’Abraham. Supplicié, mais humain. Alors à la clarté de la lune, comme pour affirmer la dignité de l’homme, ils accomplissent la coutume. A leur tour de prendre le parti de celui qui est méprisé, de la victime. Discrètement, à la manière des justes en résistance, ils sont présents. Et ils s’effacent de l’histoire… ils s’en vont.

La pierre est roulée. Le tombeau est fermé. Le silence reprend sa place dans le jardin et dans le cœur des deux disciples.

Le savent-ils, ces deux-là, que leur humanité va tout changer ? Le savent-ils, que leurs pas incertains dans le jardin, vont permettre l’impensable ? Ils ont mis le maître au tombeau… et en leurs gestes, l’espérance de la vie va renaître.

Et nous spectateurs impuissants, nous captifs de nos peurs, c’est encore la nuit au-dessus de nos têtes. Il n’est pas le temps de parler, il est le temps d’être, d’avoir ce courage d’être comme Joseph, comme Nicodème avec les victimes. Emprunterons-nous ce frêle passage à travers la nuit ?

Et nous voilà, ramenés à l’étrangeté de cette nuit. Elle n’est pas comme les autres. Elle est celle de Pessah, d’un chemin coûteux de libération. C’est la nuit du passage. Alors… sait-on jamais ?! Les courageux, les audacieuses seront-elles accompagnées ?…

Mais déjà le jardin se vide. Joseph et Nicodème s’en vont, nous laissant là. L’empreinte de leur pas va s’estomper avec la rosée du matin. Reste, sur la hauteur du jardin, le souffle de la brise légère. Insaisissable… presqu’insensible.

Le vent de Dieu ?! Peut-être… qui dans la nuit de notre monde tient encore ténu…

Musique

 

 

Prière d’intercession

Père, dans la nuit du monde, nous remettons nos vies.

Nous prions pour les personnes qui partout sont bafouées, torturées, mises à mort.
Que l’inadmissible soit englouti dans la nuit,
Que nos paroles et nos actes creusent un sillon de justice.
A notre place, nous prions pour les 60 femmes afghanes militantes des droits humains réfugiées au Pakistan, qui risquent l’expulsion et la condamnation à mort.

Nous prions pour les personnes qui en France et dans le monde sont malmenées parce qu’appartenant à une minorité.
Venant de tous les continents, venant de tous les genres, leurs droits sont mis à mal.
Que les sarcasmes, les humiliations, les indifférences soient englouties dans la nuit,
Que nos paroles et nos actes creusent un sillon de reconnaissance.
A notre place, nous prions pour toutes les personnes menacées d’expulsion, privées de soins, non-écoutées et non-reconnues.

Nous prions pour les victimes de la guerre au Soudan, en RDC, en Ukraine, en Palestine-Israël… et la liste est tellement longue.
Que la terreur des dictateurs, la violence des extrémistes, la cupidité des dirigeants soient englouties dans la nuit.
Que nos paroles et nos actes creusent un sillon de paix.
A notre place, nous prions pour les Palestiniens de Gaza et de Cis-Jordanie qui de leurs propres mots « n’ont pas le luxe du désespoir », pour les Israëliens à la recherche de la paix… pour l’Église anglicane en Palestine dont l’hôpital a été détruit à Gaza.

Nous prions pour l’Église traversée par les divisions et les scandales.
Que nos jugements des autres et nos orgueils soient engloutis dans la nuit.
Que nos paroles et nos actes creusent un sillon de réconciliation.
A notre place, nous prions pour toutes les personnes chrétiennes qui s’engagent à vivre l’unité reçue de Dieu.

Et toutes nos prières nous les remettons au Père dans ces mots que ce soir nous portons aussi pour Jésus :

Notre Père…

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