
Le Temps biblique
Écoutez le temps biblique : moins sablier implacable que fleuve aux multiples bras, distillé comme un vin précieux en nuances infinies.
- Chronos (χρόνος) : Le grand flot mesuré. Temps des jours, des lunes, des attentes patientes, des ventres qui arrondissent lentement leur promesse (« Le temps (chronos) où Élisabeth devait accoucher arriva » – Luc 1:57). Nécessaire, son flux régulier risque d’endormir .
- Kairos (καιρός) : La pierre divine jetée dans l’eau calme. Temps qualifié, reconnu, où l’éternité perce le quotidien (« Le temps est accompli (kairos), et le Royaume est proche ! » – Marc 1:15). Irruption sacrée, appel brûlant.
- ’Êt (עֵת) : La source hébraïque. Temps de l’opportunité juste, sagesse du rythme profond (« Un temps (’êt) pour tout… » – Ecclésiaste 3:1). Frère aîné de Kairos.
- Yôm (יוֹם) : L’unité pulsante. Le Jour originel (« Soir et matin : jour un« ). Battement de cœur, simple rotation ou ère dilatée.
- Aion (αἰών) : L’horizon infini. Le siècle, l’ère, l’éternité en mouvement (« …jusqu’à la fin du monde (aion) » – Matthieu 28:20). Estuaire où Chronos rejoint l’océan divin.
Ainsi navigue le croyant : fidèle dans le long cours du Chronos, mais guetteur du Kairos, cette pierre de grâce qui transforme le fleuve. Chronos est le fleuve. Kairos est la pierre divine qui en trouble les eaux, créant une onde de transformation qui va toucher les rives lointaines de l’Aion. Vivre, vraiment vivre, selon le Livre, ce n’est pas seulement remplir le sablier jusqu’à son terme. C’est savoir, au cœur du fleuve qui passe, reconnaître la pierre de grâce, la saisir, et se laisser transformer par son onde. C’est être attentif à ces moments où l’éternité touche le temps, et y répondre d’un cœur prompt.
Gwenaël Boulet, pasteure