Ensemble N° 58 Billet biblique Partagez la lumière

«Ensemble», le journal de l’Église Protestante Unie d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes, Colombes

De l’ombre au jour : une lumière en chemin

En breton, novembre se dit miz du, le mois noir, et décembre miz kerdu, le mois très noir. Ce qui est vrai dans le calendrier l’est aussi pour nos vies : il y a des mois noirs que nous traversons tant bien que mal, en espérant le retour de la lumière.

Aux personnes en quête de lumière, la Bible raconte qu’elle n’est pas d’abord une évidence mais un surgissement. Dans le récit de la Genèse, elle jaillit au cœur d’un monde sans forme. Non pour effacer l’obscurité, mais pour la traverser et commencer une histoire. (Gn 1, 1-5)

Nous connaissons, nous aussi, ces zones floues où la vie ronronne sans véritable élan. Et puis il y a des moments où quelque chose se met en mouvement : une parole reçue, une visite inattendue. De petites lumières qui ne prétendent pas sauver le monde, mais qui l’ouvrent, un instant, à plus grand que lui. Alors s’esquisse, comme au premier jour, un chemin de (re)commencement.

Le prophète Ésaïe ose dire qu’au cœur des ténèbres, une grande lumière se lève (Es 9, 1-6). Une lumière qui redonne de la place à tout le monde. À travers ces mots, une promesse circule : rien n’est définitivement enfermé. L’onde de la lumière est dynamique de vie et de libération.

Le Nouveau Testament prolonge cette intuition : la lumière est une présence. « Elle brille dans l’obscurité, et l’obscurité ne l’a pas arrêtée » (Jn 1, 1-18). La lumière se risque au milieu des humains, habite leurs ruelles comme leurs nuits. Elle se donne à reconnaître dans le Christ, puis dans la simplicité des visages humains. D’un sourire ou d’une parole engagée, ne dit-on pas qu’ils éclairent parfois nos journées ?

Partager la lumière, ce n’est pas l’imposer. C’est en être témoin : dire ce qui nous remet debout, offrir ce que nous avons reçu, même fragile. Ici, à la croisée de nos chemins, la lumière se multiplie lorsqu’elle circule. De rencontre en rencontre, elle transforme les personnes qui croient en « enfants du jour » (1 Th 5, 4-8).

En entrant dans l’Avent, nous pouvons reconnaître ce qui s’illumine déjà autour de nous et oser, à notre manière, devenir des témoins de lumière. Nous ne chasserons pas toutes les ombres, mais ouvrirons, ensemble, un petit bout de chemin d’espérance et serons lumière du monde (Mt  5, 14-16).

En Bretagne, on danse au cœur de la nuit, pour remiser les peurs. A la lumière des lampes, on vit un monde solidaire où l’inconnu du quotidien devient pour un temps partenaire de la danse : le Royaume prend forme.

Alors, du dialogue entre la Bible et nos vies, naît cette conviction :

Quand la lumière se risque, le Royaume s’annonce déjà. (Jn 8, 12 en résonance avec Lc 17, 20-21)

Gwenaël Boulet, pasteure

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