S’incliner vers l’infiniment petit…

Extrait de l'Epître 216

S’incliner vers l’infiniment petit …

 

A quelques jours de Noël, au creux des longues nuits, alors que la nature est dépouillée, voici venu le temps de l’enfouissement des semences dans la terre, le retour à nos terres intérieures, dans les eaux profondes de clarification. Une invitation à nous arrêter, à faire silence, à regarder, à écouter.

Du haut de nos savoirs, du haut de nos pouvoirs, nous sommes invités à nous incliner, à laisser être, à laisser naître …

 

Un enfant nous est né, un fils nous est donné (Esaïe 9,6). Voilà la promesse de Dieu qui accompagne son peuple, au creux d’un mangeoire à l’intérieur d’une étable.

 

Agustin Frison-Roche, peintre et sculpteur, a magnifiquement mis en scène ce mouvement d’humilité dans une toile monumentale exposée en janvier 2025 au collège des Bernardins dans l’exposition « Epiphanies ».

 

Sur un fond de ciel étoilé, les mages, de profil, s’inclinent et présentent leurs offrandes, accompagnés de tout un ensemble de pages, de soldats, d’éléphants, de chameaux et d’animaux divers. Au sommet de cet amas limpide et touffu, on distingue même les murailles d’une ville : dans cette composition en escalier, c’est en réalité la Création toute entière qui vient s’agenouiller devant … Devant qui, au juste ? Devant son Créateur, bien sûr, sous les espèces de l’enfant-Dieu qui vient de naître. Mais le peintre fait en sorte que tout d’abord on ne l’aperçoive pas, isolé à même le sol, sous un petit arc rouge et blanc, dans un tableau séparé, presque imperceptible face à la profusion du monde qui vient lui rendre hommage : l’enfant ne montre que son humilité et c’est la magnificence du cortège des mages qui, elle, révèle ce que cette humilité dissimule de puissance infinie.

 

Belle fête de Noël à tous.

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